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CORPS ET ARMES. Rustha Luna Pozzi-Escot, Galerie Vitrine des Essais du Lycée Michel-Montaigne à Bordeaux

Du 01 avril 2015 au 01 septembre 2015   |   Partager   facebook twitter
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CORPS ET ARMES
Rustha Luna Pozzi-Escot

VITRINE DES ESSAIS
Galerie d'art du Lycée Michel-Montaigne à Bordeaux





Sous le commissariat d'exposition des étudiants en classe préparatoire littéraire première année du Lycée Michel Montaigne.

La Galerie Vitrine des Essais est une initiative de Corinne Szabo, professeur d'Histoire de l'art, au Lycée Michel-Montaigne
L'Exposition Corps et Armes de Rustha Luna Pozzi-Escot a été coordonnée par Nadia Russell et Elise Argien de L'Agence Créative


Mission de L'Agence Créative:
Encadrer un groupe d'étudiants en première année de prépa littéraire pour l'oganisation d'une exposition dans la vitrine de leur lycée, nommer la galerie et créer son identité graphique, accompagner le commissariat d'exposition, la rédaction de texte et la création d'outils de communication, la scénographie, la régie et le montage de l'exposition.

Objectifs pédagogiques: "Dans la peau de"
Connaissance du métier de galeriste, de régisseur et de chargé de communication.
Réflexion autour du commissariat d'exposition, la rédaction de texte, scénographie et régie.

Calendrier:
Avril-juin 2015: élaboration du projet
Juin-septembre 2015: exposition

TEXTE ÉCRIT PAR LES ÉTUDIANTS:
Corps et Armes expose une rencontre, celle de l'artiste Rustha Luna Pozzi-Escot et de l'Agence Créative avec les élèves d'hypokhâgne option art du Lycée Michel De Montaigne. La Vitrine des Essais abrite huit œuvres, qui, sous le regard des passants, créent un contraste avec les vitrines alentours car ici l'exposition artistique remet le corps de la femme en question.
Dans cette vitrine, le corps devient plutôt une situation critique qui prend prise sur le monde et sur la rue. Par l'art et la couleur rouge, ce corps devient une véritable arme. Le regard du passant fait partie intégrante de cette rencontre car il appelé à être autre chose qu'un regard consommateur d'une image trop communément admise : le Tapis, que l'artiste a conçu en 2008, avec du plâtre et du fil rouge en coton n'est pas là pour vous accueillir au pas de la porte, avec le bienvenu conventionnel. Il désigne ce corps trop piétiné, dont il peut vous sembler être faible et sans armes puisque qu'il est celui d'une femme. La Cible, datée de 2012, en bois et fil, en résine, et métal, déroge au discours suivant lequel le corps peut subir l'attaque extérieure, symbolisée par la flèche. Elle devient contre-attaque et incite votre regard à se confronter à une arme, celle de la dénonciation de la maltraitance du corps de la femme. Quant au Trophée, il n'est pas celui qui vous fait signifier avoir gagné la chasse, au contraire, il se donne à voir triomphant, éclatant les stéréotypes.
Le regard rencontre maintenant l'Armée de Femmes, et les photographies de Femmes Armées. Rustha Luna Pozzi-Escot réinvente les accessoires nourrissant l'esthétique féminine qui, loin d'être futiles deviennent force de combat. Elle s'approprie les canons de beauté propres à toutes cultures, pour les transformer en armes: en somme ce qui la faisait objet, simple élément d'un décor, devient inévitablement un instrument de défense tout autant que d'attaque. La force des œuvres de Rustha Luna Pozzi-Escot est d'exercer sur le réel une pression, une action, contre l'image redondante de la femme insufflée dans toutes les civilisations. L'art tend toujours à l'universel : le corps comme victime passive, subissant les affres d'une société qui l'opprime, devient finalement l'acteur de la féminité universelle.

Cible vous êtes madame. Oh ne vous en offusquez point, vos cuisses gainées sont fort plaisantes placardées sur tant d'enceintes cramoisies, votre poitrine déferle sur les façades, et vos fesses bombées étourdissent les passants. Votre corps inonde les rues. Mais ce corps si choyée par les publicitaires, a la tête qui tournoie. Corps et armes  présente un corps meurtrie par une adoration de surface, un sein ciblé , un paillasson rougeoyant, une femme-objet. Mais ne vous méprenez pas, l'idole retire bien vite la flèche superflue, vous la donne à voir et la rend à son attaquant. Elle est cible, elle est attaque.

CORPS ET ARMES / RUSTHA LUNA POZZI ESCOT - L'Agence Créative / Prépa Lycée Michel-Montaigne / Corinne Szabo from L'Agence Créative on Vimeo.



OEUVRES SÉLECTIONNÉES

Tapis
Rustha Luna Pozzi-Escot
2008
130x60 cm plâtre, fil coton rouge

La fonction utilitaire du corps, transmise par le tapis, est transposée pour mieux être dénoncée. L'œuvre dé-cor n'est pas là pour être foulée aux pieds, le corps féminin n'est plus écrasé par le mépris et l'humiliation. Ce tapis est donc une œuvre forte : militant, le corps tente de s'extraire des fils rouges qui le constitue, comme pour éviter la violence et l'avilissement quotidien qu'il subit. Gare à ne plus piétiner cette forme meurtrie.


Cible
Rustha Luna Pozzi-Escot
2012
50 cm, bois, fil, résine, métal

Partie du corps qui représente la féminité et la maternité, le sein est pris pour cible et il est ici, criblé de flèches. Trois armes primitives attaquent un symbole universel du corps de la femme, pour témoigner des constantes attaques qu'elle endure à chaque instant. Mais le sein n'apparaît pas pour autant vaincu : au milieu du cercle rouge vif se détache le mamelon qui loin d'être faible, est fier de jaillir de la cible. Cette cible est une métaphore de la femme attaquée qui, même touchée, nous montre sa puissance.


Trophée
Rustha Luna Pozzi-Escot
2008
60x35 cm, plâtre, fil coton rouge, bois

Ce trophée est une tête de femme aux cornes de bois, à la bouche fermée et aux yeux clos. Le visage rappelle que la femme, trop considérée comme un objet, ne peut pas être réduite à un trophée et que la tête reste l'habitacle de l'esprit et de la pensée. Exhibée comme un tableau de chasse, qu'on accroche et qu'on montre, la femme semble ici se battre pour d'autres valeurs. Cette extrême déshumanisation et cette radicale beauté ne pourront pas l'empêcher de s'exprimer. Non, il est impossible de l'acquérir pour la brandir comme sa possession.


Armée de femmes
Rustha Luna Pozzi-Escot
2010
multiples 10 x 10 cm et de 45 cm de hauteur, résine et poudre d'aluminium

Ces femmes sont les miniatures des photographies de la série Femmes Armées. Statuettes, à peine plus grandes et plus massives que des poupées Barbies, elles deviennent alors naturellement des contre-modèles corrosifs. Elles sont de véritables soldats de plomb, devenus solides et refusant l'érotisation annihilante subie par la femme. Ensembles, les corps sont toute une armée, prête à se défendre ou à attaquer. Le jouet passif devient un soldat actif et exprime le tempérament guerrier de la femme. L'armée de femmes porte le profond désir de Rustha Luna Pozzi-Escot d'extirper de force le genre féminin du cadre passif dans lequel il a trop souvent été cantonné. L'armée de femmes est en marche pour vaincre tous vos modèles établis.



Femmes armées
Rustha Luna Pozzi-Escot
2009
190x100 cm, photographies couleur réalisée à la chambre

L'Occidentale est habillée d'une robe composée de 9900 épingles à cheveux, et tient dans sa main un pistolet de fourrure. Elle est provocatrice, mais pas seulement. Sa posture et ses accessoires représentent la symbolique double de la femme armée : le danger et la féminité. Les accessoires féminins sont devenus des armes et inversement, la violence des armes est atténuée par la féminité des matières. Or, cette dualité n'est pas équivoque, elle est complémentaire. Ce corps peut attaquer, blesser, meurtrir par ce qui le protège et l'orne. En somme, la femme est autant maîtresse de sa beauté qu'elle est maîtresse des armes qui la constitue.  L'Occidentale est armée pour imposer au monde la maîtrise de la force, de son corps et de ses apparats.

Asia remet aussi en question un stéréotype géographique. Le kimono traditionnel, s'il est entièrement composé de cotons, de disques à démaquiller, semble pourtant convenir aux préjugés Occidentaux sur l'Orient. Costumée noblement, Asia impose une puissante dimension féerique, venue d'ailleurs et surtout de l'imaginaire. Mais le Kimono est une tenue de combat. Appuyé par le nunchaku, la femme repousse le spectateur autant qu'elle le fascine. Elle est à la fois le danger et l'imaginaire commun. Rustha Luna Pozzi-Escot veut matérialiser ce rapport complexe entre fascination et répulsion, engageant le spectateur à se poser d'importantes questions identitaires et sociales.

China : Cette photographie renvoie à l'image et à l'imaginaire traditionnels, mais stéréotypés de la société chinoise. Rustha Luna Pozzi-Escot revisite ce modèle de femme en incluant des éléments de rupture, comme la ceinture de rouges à lèvre, qui représente une menace contre l'extérieur en protégeant simultanément le corps. L'analogie du rouge poursuit sa subversion offensive : le sabre rouge contraste avec la robe noir ornée de dragons et de fleurs dorés. L'arme, de son rouge vif et attaquant fait écho aux bras de cette icône qui sont habillés d'une armée de soutien-gorge rouges. Si cela met en avant sa force et sa féminité, le vrai visage de China en ressort d'autant plus, concentré. La fascination visuelle que le spectateur ressentait au premier abord se retourne contre lui.