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DUMP OF PHYSICAL MEMORY - Sabdam

Du 01 juin 2007 au 30 juin 2007   |   Partager   facebook twitter
DUMP OF PHYSICAL MEMORY
Sabdam

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Du 1er au 30 juin 2007, 16, Rue du portail à Bordeaux

Digne héritière de Yoon Ja et Paul Devautour, le nom de Sabdam1 incarne les multiples visages de l'art, de l'Institution au critique en passant par le commissaire d'exposition. Sabdam rassemble plusieurs identités en même temps qu'elle brouille la sienne. "C'est un nom androgyne qui brouille les pistes de mon origine, et fait partie d'une fiction et d'un jeu, tout comme Alice Keller". Alice Keller2 la suit comme son ombre, c'est le nom qu'elle adopte pour l'ensemble de ses activités sonores. Le travail de Sabdam s'inscrit dans des réalités qu'elle prédétermine. Elle se fixe des règles du jeu précises, allant jusqu'à créer des objets de tournages ingénieux qui lui permettent de filmer des situations extrêmes, comme le vol des oiseaux en plein ciel ou une course de moto avec une caméra placée à l'arrière du pilote. Le making of du film et les objets de tournage ont autant d'importance que le résultat. Ses installations et sculptures sont des prélèvements de la réalité, détournés, déconstruits ou reconstruits. Chacune de ses pièces est savamment titrée afin de guider le spectateur. Sabdam se fait le miroir de notre société en mutation permanente. Elle se nourrit de son environnement urbain et de nouvelles technologies toujours obsolètes, tout en nous projetant dans son imaginaire. Ses mondes sont parfois sombres, fantastiques ou poétiques. Elle puise en même temps dans le registre de la musique électronique, sans jamais dissocier le son, l'image, l'installation ou l'objet. Son travail visuel et sonore ouvre les portes "des parois hypothétiques du monde".


La galerie Tinbox ouvre la porte de Sabdam. Les portes magiques ont toujours fait rêver, elles sont un leitmotiv de la littérature fantastique et des films de science-fiction. Pour passer de l'autre côté, Sabdam nous donne la clef d'un univers déconcertant. Avec l'exposition DUMP OF PHYSICAL MEMORY, elle nous plonge dans le mythe d'un monde parallèle où les échelles et les repères cardinaux habituels sont perturbés. Comme sur une bande de Moëbius, le dessus et le dessous de la ville se confondent. DUMP OF PHYSICAL MEMORY est un microcosme fait de strates underground évoquant les paysages urbains de Blade Runner ou de Metropolis. L'exposition relie le monde urbain de Sabdam et la nuit telle que la signe Alice Keller derrière sa table de mixage. Cette installation à la fois visuelle et sonore s'adapte aux dimensions réduites de la galerie de 1,5m2. Mais plus qu'une installation in situ, son œuvre est un environnement, prétexte à la réalisation d'un film, scénario d'une fiction à venir ou en devenir dont la galerie est la scène. Le spectateur joue un rôle majeur en participant activement à cette mise en abîme. Nous pouvons comprendre que les formes sculpturales imaginées par Sabdam, sont des allotopies3 modernes faites d'illusions et de démesure. Jouant avec les déplacements, DUMP OF PHYSICAL MEMORY est le moment de la perte des repères. Il s'agit d'un entre-deux angoissant accentué par la dualité avec l'œuvre dans l'intimité de la boîte. Mais l'écriture contemporaine de l'image chez Sabdam, ses fictions, sauvent le spectateur car elle nous offre un ailleurs. Dans l'identification à l'œuvre le spectateur peut aussi expérimenter, comme cette artiste, l'entame du factice qui s'introduit toujours dans nos projections, sur un monde complexe où les frontières s'enrichissent de leurs pertes.

                                                                                                                                                  Nadia Russell   



1 Sabdam vit et travaille à Bordeaux. Elle obtient son D.N.S.E.P. de l'école des Beaux-Arts de Bordeaux en 1994 et le post-diplôme de l'école de Nantes en 1996. Entre temps, elle intègre le Conservatoire de musique de Bordeaux en classe d'électroacoustique.
2 Alice Keller est l'héritière des fictions d'Art Keller, artiste de la Collection Yoon Ja et Paul Devautour.
3 1996, néologisme de Roberto Martinez, du grec allo "autre", et de topos "lieu": "en un autre lieu". http://allotopie.free.fr
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