When Land Escapes
Chantal Russell Le Roux
Exposition du 28 mars au 10 mai
Vernissage jeudi 27 mars 2008 à 19h, 16 rue du Portail à Bordeaux
"Who dœs not follow with his eyes a disappearing line that crosses the naked summet of land or sea... Beyond the limits that our feet can walk almost like an invitation into space. Can we hold on with our hands the delicate line that nature has always stretched out towards us?"
Chantal Russell Le Roux
Chantal Russell Le Roux est une artiste anglaise vivant à Bordeaux, elle est diplômée des Beaux-Arts de Gloustershire en Angleterre. Elle a participé à de nombreuses expositions personnelles ou collectives en France et à l'étranger, notamment à la Kinsgate galerie à Londres, à la collection Yvon Lambert à Avignon, à la galerie 10m2 à Sarajevo ou encore à la Biennale de Venise de 1999 dans le pavillon Japonais. L'artiste ne s'attache pas à un médium ou à une technique particulière, elle réalise des installations comprenant des peintures, des photographies, des moulages ou des assemblages d'objets trouvés. Ses œuvres sont à la fois mélancoliques et engagées. Elle s'intéresse à l'humain et à son environnement naturel et urbain et s'interroge sur des thèmes aussi universels qu'exister, parler, aimer, détester, être ensemble, se séparer, donner naissance ou mourir. Au travers de la photographie, elle capture des scènes du quotidien, des visages ou encore des paysages. Le romantisme minimaliste de ses images se retrouve dans ses peintures.
Pour When land escapes, Chantal Russell Le Roux se risque dans une installation qui a pour thème le paysage. L'exposition rassemble des peintures de mers, des photographies de rochers, de la ficelle blanche et des mains en porcelaine. Ses toiles ne sont pas simplement accrochées au mur, elles sont utilisées en tant qu'éléments de son installation. Le tout est une exposition dont le sujet principal est la ligne d'horizon qui sépare le ciel de la terre, comme le symbole de la fragilité de la nature. Pour l'artiste, les hommes sont des équilibristes en danger, sur une terre en souffrance à qui nous faisons subir une guerre silencieuse, " a silent war ". Deux mains tendues en porcelaine blanche sortent du mur de chaque côté d'un triptyque minimaliste et semblent tenir la ligne d'horizon des tableaux. Hold on est une projection linéaire à l'infini et représente un héritage à préserver ou une main tendue vers le futur. L'artiste nous invite à regarder son exposition avec des jumelles ou au travers d'une percée dans le mur de la galerie mobile Tinbox. Ces dispositifs d'observation, que l'on retrouve habituellement à la plage ou dans les sites naturels protégés, créent une certaine distance avec les œuvres tout en les rendant plus vraies que nature, alors qu'une ficelle blanche tendue entre deux peintures formant un angle droit, crée des effets optiques et nous plonge dans une troisième dimension de la toile.
Chantal Russell Le Roux ose la peinture à l'huile. Elle peint à partir de souvenirs qu'elle décrit comme étant des " photographies mentales ", réminiscences de son enfance passée en Angleterre, dans les Costwolds ou au bord des falaises de la côte. Admiratrice du célèbre poète romantique anglais du 19ème siècle, William Wordsworth, elle s'est inspirée de ses écrits sur la nature : " The clouds our standing still, a certain silence is in the air ". Utiliser la peinture à l'huile s'apparente pour elle à de la résistance face à un art contemporain qui ne se pose pas toujours la question de sa pérennité. Mais ce qui lui plaît avant tout dans cette matière, c'est sa texture qu'elle aime enduire sur la toile avec les mains. When Land escapes oscille entre réalisme et classicisme sur fond de monochrome minimaliste. Ses ciels semblent sortir tout droit des peintures de Turner, Constable ou Whistler tout en restant profondément contemporains.
Nadia Russell
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
"Un horizon dans la solitude quotidienne, celle qui n'a rien de triste. Je me suis dis qu'elle osait peindre la mer. Ce qui était assez compliqué et audacieux ou rare. S'attaquer comme ça à la mer et au ciel presque seuls. Si nous pouvons dire qu'il s'agit là d'un paysage, j'ai alors l'impression que cette nature se situe à la frontière; le trouble en demeure plus grand. Ligne imaginaire qui rapproche les surfaces comme les êtres. C'est l'huile qui imprègne le sol qui me confirme qu'il s'agit de peinture; comme cette odeur dessine le code de l'artiste dans l'air de l'atelier, témoin de la résistance par le médium à toutes les choses qui entraînent l'homme autre part et en dehors du paysage. Ici il n'y a personne; peut-être que c'est bien suffisant. La mer est presque de métal, le ciel comme électrique et l'immensité d'une nature lointaine, oubliée, se recoupe par fragments dans ma mémoire. Un ciel, une mer seront toujours les signes qu'une peinture peut être les deux à la fois: un ultime naufrage, une nouvelle aventure."
Christophe Massé