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ARMÉE DE FEMMES - Rustha Luna Pozzi-Escot

Du 27 novembre 2009 au 16 janvier 2010   |   Partager   facebook twitter

ARMÉE DE FEMMES
Rustha Luna Pozzi-Escot



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Exposition du 27 novembre 2009 au 16 janvier 2010

Rustha Luna Pozzi-Escot est une artiste franco-péruvienne née à Lima en 1973. Elle s'intéresse à la spécificité de l'identité féminine. Sculpteur de formation, elle utilise également d'autres médiums tels que la photographie, la vidéo ou la couture et des matériaux variés comme la résine ou la laine. Elle détourne des objets utilisés par les femmes dans leur quotidien ainsi que des savoir-faire féminins en leur donnant un nouveau sens. De ces appropriations d'images et de symboles liés à la femme, né un regard non conformiste et non convenu sur les questions de genre.

Femmes Armées (Asia, La bombe, Andina, Mythologie, Occident, Western, Les règles de la guérilla, Africa, Indica et China.) est une série de dix portraits photographiques en pied (100 x 190 cm), dans lesquelles l'artiste se met en scène, vêtue de costumes confectionnés avec des accessoires appartenant à l'univers intime et quotidien de la femme. Dans ses photographies les accessoires, choisis pour leurs formes et leurs couleurs, construisent la femme, l'habillent entièrement et l'exacerbe. L'artiste les porte le temps d'une photographie, durant laquelle elle s'approprie les gestes et les postures d'une femme sublimée pour l'incarner. Bigoudis, pinces à cheveux, serviettes hygiéniques ou maquillage, se font tour à tour parures et armures, accessoires et armes. Ces objets habituellement dissimulés sont ici exposés et fièrement arborés. Chaque femme sort de l'imaginaire de l'artiste qui s'inspire d'images télévisées ou cinématographiques, de publicités, de magasines de mode, de points de vue clichés ou traditionnels sur la femme à travers différentes cultures. Elle traite ces stéréotypes avec humour, provocation et dérision en créant de nouvelles icones. Les robes des femmes sont toutes réalisées par l'artiste qui les construit comme de véritables sculptures - cousues à partir d'éléments trouvés dans son quotidien ou achetés sur EBay. Les bigoudis utilisés pour réaliser le boubou d'Africa ont été portés par différentes femmes à travers le monde. La robe d'Occident quant à elle rassemble 9931 barrettes cousues une à une. C'est un long travail de collecte (d'objets et d'informations), de construction et de couture.

Ces femmes sont armées d'apparats ou d'objets intimes mais brandissent également une arme réelle face au spectateur, comme un objet fétichiste. Rustha Luna Pozzi-Escot s'amuse avec les rapports dominés – dominants et pointe ainsi l'érotisation du corps par des jeux de séduction et de parade. Nunchaku, sabre, pistolet, bombe, ou mitraillette sertis de pierres précieuses, de fourrure ou de perles  sont autant de représentations de mascarades phalliques. Pour Andina l'artiste incarne une indienne des hauts plateaux des Andes, elle porte un vêtement traditionnel fait de portes monnaies chinois et d'élastiques colorés. Son arme est une matachola (mata : tuer) originellement destinée à conduire le bétail. A travers cette image, Rustha Luna Pozzi-Escot joue avec les clichés de son pays d'origine: le terme " chola " est une manière péjorative de nommer les femmes des Andes ayant immigré dans les mégalopoles de la côte du Pérou. Elle détourne cette arme pour se l'approprier et s'attaquer à des préjugés. Pour Les règles de la guérilla, elle incarne une révolutionnaire d'Amazonie qui au contraire d'Andina, affirme une nudité provocante et arbore une mitraillette et des tampons en guise de munitions.

Rustha Luna Pozzi-Escot réalise également des statuettes de ses femmes armées en résine et poudre d'aluminium de 45 cm de hauteur (en cours). Les sculptures lui permettent de prendre de la distance par rapport à sa propre image. Reproduites en plusieurs exemplaires pour créer une " armée de femmes " aux proportions de poupées Barbie, ces soldats de plomb sont à la fois des effigies féminines et des simulacres priapiques. Les femmes armées (photographies ou sculptures) prennent le contrôle de ces " armes " qui peuvent renvoyer à fillette, phallus géant porté par Louise Bourgeois qui "annule la question d' " en avoir ou pas " en laissant proliférer les significations dans le nonsense du rire et du jeu. "*; ou à la  performance de Valie Export Aktionshose : Genitalpanik durant laquelle armée d'une mitraillette, une ouverture dans son pantalon, elle dévoilait son sexe ; ou encore aux photographies des femmes voilées (La Bombe) de Shirin Neshat qui glisse subtilement une arme dans chacune de ses images.

Nadia Russell


*  Bernard Marcadé ; Le devenir-femme de l'art ; in cat. Fémininmasculin, Le sexe de l'art, Paris ; Centre Pompidou ; 1995 ; op. cit. 34



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