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Murmures de la Forêt - Chantal Russell Le Roux, Galerie Tinbox, Ousse-Suzan

Du 03 juillet 2023 au 27 aout 2023   |   Partager   facebook twitter
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Murmures de la Forêt
Chantal Russell Le Roux

Galerie Tinbox Mobile #5
Ousse-Suzan, Landes (40)

Exposition du 3 juillet au 27 août 2023
Vernissage lundi 10 juillet à partir de 17h30



" (...) La forêt des Landes est un monde. Pour peu que l'on s'y aventure au moment propice, que l'on fasse durer l'exploration de façon convenable, buttes, collines, vals, vallées, sentiers riches en tournants et en surprises, allées si longues qu'elles vous semblent rejoindre le ciel, fossés, ravins de toutes tailles, obstacles inattendus, les cadeaux qu'y offre une nature comparable à nulle autre sont d'une extrême variété (...) c'est la forêt magique du Petit Poucet et des fées en manteau d'argent (...) c'est la jungle amicale où les chevreuils ont remplace les loups, une brousse peuplée de sources et de ruisseaux qui chantent (...) "
Christine de Rivoyre, romancière des Landes,, " Crépuscule, taille unique "

Depuis qu'elle a déménagé son atelier dans les Landes à Ousse-Suzan, les peintures et les installations de l'artiste Chantal Russell Le Roux sont habitées d'animaux de la forêt, de cerfs, de biches, de sangliers et de chiens aux étranges coiffes vernaculaires qui nous plongent dans un folklore local revisité. Paysages des Landes avant la culture des pins, troncs et lacs complètent sa peinture qui oscille entre naïveté et réalisme avec une touche d'humour. Son exposition, " Murmures de la forêt " (" Whispers of the forest "),  évolutive au cours de l'été 2023 dans la galerie Tinbox Mobile,  se regarde à travers les yeux d'un chien qu'elle humanise. Il est le spectateur de scènes d'un territoire forestier pouvant sembler immuable, qui n'est pourtant pas à l'abri des feux estivaux à l'aune du dérèglement climatique. Si on aiguise sa perception, on y verra des mondes cachés et sensibles qui invitent soudain à la contemplation silencieuse. Les sous-bois abritent en effet toute une vie tapie dans les troncs d'arbres, dans les creux des souches et des mousses. Elle en souligne la fragilité par des installations sculpturales. L'une d'elle se compose de deux mains blanches en porcelaine posées en équilibre sur un tronc à la coupe angulaire. Elles tiennent une fine écorce colonisée par du lierre comme un bien précieux à protéger. Chantal Russell Le Roux nous attire dans un monde de l'invisible auquel nous avons pour beaucoup arrêté de croire. Seules les personnes qui ont un esprit suffisamment ouvert, les sens en éveil et en interconnexion avec le vivant ou qui sont restées enfants, sauront rencontrer ces créatures magiques. C'est dans la brume matinale ou au coucher du soleil, quand les oiseaux célèbrent les transitions qu'ils apparaissent, ne s'immobilisant que lorsque les chiens comblent le silence nocturne de leurs aboiements qui résonnent dans la campagne endormie. Elle ne nous parle pas tant des animaux de la forêt, qui une fois la nuit tombée y célèbrent leur liberté de vivre, elle nous parle des humains comme des non-humains mais surtout des esprits, des lutins et des fées. Ne les cherchez pas dans ses œuvres, vous ne les trouverez pas. Pour les voir, il faut devenir-forêt afin d'entendre leurs murmures. Peut-être que les chiens, les sangliers, les biches et les cerfs les rejoignent la nuit. Avons nous perdu le sens du magique pour ne plus croire aux créatures de la forêt? L'enseigner aux enfants c'est peut-être les imprégner d'une incommensurable force qui leur permettra de croire, à l'âge adulte, que tous les devenirs sont possibles. Car croire au monde, c'est d'abord le construire dans son imaginaire. C'est sans doute le plus cher enseignement que nous pouvons apporter à nos enfants, au détour des chemins de forêts, afin de leur apprendre le souci de la nature.

Chantal Russell Le Roux est une artiste anglaise née à Cheltenham en 1957 et  vivant entre Ousse-Suzan et Bordeaux. Elle est diplômée de l'école des Beaux-Arts de Gloustershire en Angleterre et bien qu'elle se fasse souvent discrète sur la scène de l'art, elle a participé à de nombreuses expositions personnelles ou collectives en France et à l'étranger, notamment à la Kinsgate galerie à Londres, à la collection Yvon Lambert à Avignon, à la galerie 10m2 à Sarajevo ou encore à la Biennale de Venise de 1999 dans le pavillon Japonais. Son œuvre est une peinture du quotidien à la fois romantique et onirique. Des réminiscences de paysages de son enfance anglaise y font régulièrement surface, ils traversent son œuvre. On y reconnaît parfois la campagne des Costwolds ou les falaises vertigineuses de la côte. Elle peint pourtant au présent, parfois l'ordinaire qui l'entoure, parfois des souvenirs plus lointains mais qui l'ont touchée au cœur. Ces moments bien précis qu'elle capture sont toujours des sujets universels. C'est une peinture empathique qui agit comme une éponge qui capte les émotions sur la toile. Avec constance, elle peint dans son atelier quand elle ne se consacre pas à sa famille. Son geste est assuré. Ni croquis, ni recherches préparatoires. La peinture la travaille sans cesse, si bien que devant la toile elle peint vite, parfois à l'huile, parfois à l'acrylique. Son geste est précis et traduit ses " inner feelings ", ses sentiments intérieurs. Elle ne s'attache pas à un médium ou à une technique particulière, elle réalise des installations comprenant des peintures, des photographies, des moulages ou des assemblages d'objets trouvés. Ses œuvres sont à la fois mélancoliques et engagées. Elle s'intéresse à l'humain et à son environnement naturel et urbain et s'interroge sur des thèmes aussi universels qu'exister, parler, aimer, détester, être ensemble, se séparer, donner naissance ou mourir.